Alcool

L’alcool est un dépresseur du système nerveux central. Sa consommation peut engendrer des effets euphorisants, mais peut également altérer le jugement, la coordination et le fonctionnement cognitif. La consommation d’alcool peut présenter des risques pour la santé et peut devenir addictive.

Fait partie des substances :

  • Dépresseurs
    Un dépresseur est une substance qui ralentit le système nerveux central, provoquant relaxation et sédation. Utilisés en médecine pour traiter l’anxiété ou l’insomnie, les dépresseurs comme l’alcool ou les benzodiazépines peuvent cependant entraîner une addiction. Avec l’usage régulier, le besoin de doses plus élevées augmente les risques d'addiction et de surdose.

Descriptif de la substance

L’alcool, aussi appelé alcool éthylique ou éthanol, est le principal composant psychoactif des boissons alcoolisées. Il est obtenu par fermentation du sucre de fruits et/ou de céréales [1]Alcool. Addiction Suisse..

Les principales boissons alcoolisées ont des taux d’alcool qui varient :

  • Le cidre contient entre 2 et 8% d’alcool

  • La bière entre 3 et 9% d’alcool

  • Le vin entre 9 et 14% d’alcool

  • Les alcopops (alcool distillé et puis dilué avec une boisson sucrée) moins de 15% d’alcool

  • Les spiritueux varient entre 15% et 80%

L’alcool agit comme un dépresseur du système nerveux central : cela signifie qu’il réduit l’activité générale du cerveau. Cela peut entraîner des effets relaxants, désinhibants et euphorisants. Il peut aussi altérer le jugement, réduire la concentration et augmenter la propension à prendre des risques [2]Alcool. Infodrog.. Il s’agit d’une substance psychoactive comparable aux drogues illégales, mais elle est légale.

On estime qu’en Suisse (en 2017), près de 18% de la population avait des habitudes de consommation d’alcool susceptibles de présenter un risque pour la santé.

Types de consommation

L’alcool est consommé par voie orale principalement sous forme de boisson alcoolisée. Ces boissons peuvent être bues pur ou mélangées à d’autres liquides comme des sodas ou des jus de fruits (cocktails). La plupart des gens consomment de l’alcool de manière occasionnelle lors de repas ou de soirées. Cependant, il existe un phénomène nommé “binge drinking” qui consiste à consommer de l’alcool de façon excessive et rapide dans le seul but d’être saoul·e le plus vite possible [3]Le « binge drinking ». Stop-alcool.ch.

Les recommandations en termes de consommation d’alcool sont consensuelles sur le fait que la fréquence de consommation idéale d’alcool est de zéro. On peut néanmoins définir une fréquence correspondant à un faible risque. Il s’agit de 2 jours sans consommation d’alcool dans la semaine et 4 verres d’alcool dans la semaine maximum pour les femmes (5 pour les hommes) [4]Pasche, S., Broers, B., & Favrod-Coune, T. (2012). Comment y voir clair face à toutes les recommandations relatives à la consommation d’alcool ? Rev Med Suisse, 355(33), 1831‑1835. [5]Commission fédérale pour les problèmes liés à l’alcool. (2018). Repères relatifs à la consommation d’alcool – 2018. Confédération suisse..

Effets de la substance

L’alcool pénètre rapidement dans la circulation sanguine et ses effets se font ressentir presque instantanément : on ressent une sensation de chaleur, un sentiment de bien-être, de détente. Cependant, on ne réalise pas toujours ni n’évalue correctement ces effets. L’alcool réduit notre jugement et pousse souvent à surestimer ses capacités. [6]Les effets immédiats. Stop-alcool.ch.

La concentration d’alcool dans le sang en pour mille (‰) varie en fonction de plusieurs facteurs, notamment la quantité consommée, le type d’alcool, le rythme de la consommation, ainsi que des caractéristiques individuelles telles que l’âge, le sexe, le poids, etc.

De 0,2 à 0,5 ‰

  • Légère diminution de l’acuité visuelle et auditive

  • Relâchement de l’attention

  • L’esprit critique et la capacité de jugement sont altérés, la propension à prendre des risques augmente dès 0,5 pour mille

  • Problèmes de vision nocturne

  • Troubles de l’équilibre

  • Problèmes de concentration, augmentation nette du temps de réaction

  • La désinhibition et la surestimation de soi augmentent

Dès 0,8 ‰

  • Réduction accrue de l’acuité visuelle, la perception des objets et la vision spatiale sont altérées, le champ visuel se rétrécit (vision tubulaire)

  • Troubles croissants de l’équilibre

  • Difficultés de concentration marquées, net allongement du temps de réaction

  • Surestimation croissante de soi, euphorie, désinhibition croissante

De 1,0 à 2,0 ‰ : stade de l’ivresse

  • Péjoration de la vision spatiale et de l’adaptation aux passages de la clarté à l’obscurité

  • Troubles importants de l’équilibre

  • Déficits d’attention et de concentration, temps de réaction considérablement perturbé, confusion, troubles du langage, troubles de l’orientation

  • Importante surestimation de soi du fait de la désinhibition et de la perte de l’esprit critique

De 2,0 à 3,0 ‰ : stade de la torpeur

  • Troubles marqués de l’équilibre et de la concentration, capacité de réaction pratiquement inexistante

  • Relâchement musculaire

  • Troubles de la mémoire et de la conscience, confusion

  • Vomissements

De 3,0 à 5,0 ‰ : stade du coma

  • À partir de 3,0‰ : perte de conscience, amnésie, respiration faible, baisse de la température, perte des réflexes

  • À partir de 4,0‰ : paralysies, coma avec perte des réflexes, mictions involontaires, arrêt respiratoire et décès

Notes importantes : Les indications ci-dessous à propos des effets de l’alcool et l’alcoolémie s’appliquent aux adultes et doivent être considérées uniquement comme des points de référence. La manière dont un taux d’alcool donné se manifeste concrètement varie d’une personne à l’autre. Chez les jeunes, on doit s’attendre à des altérations à des taux nettement moins élevés.

Voies d'administration et dosages

Voies d'administrationSeuilLégèreCouranteForteExtrême
Oral10 g10-20 g20-30 g30-40 g40 g

Durée des effets

Voies d'administrationAttenteMontéePicDescenteTotalEffets résiduels
Oral2-5 minutes15-45 minutes30-90 minutes45-120 minutes1.5-5 heures6-48 heures

Cadre légal

De nombreuses lois nationales et cantonales réglementent le domaine de l’alcool en Suisse. Vous trouverez notamment tous les détails des législations nationales et cantonales liées à l’alcool directement sur le site de la Confédération suisse. Ces lois réglementent de nombreux domaines liés à l’alcool notamment : la composition des produits, la production, la vente, l’imposition, la protection de la jeunesse, la publicité et le trafic routier. [7]Alcool—Cadre légal. Addiction Suisse. [8]Politique en matière d’alcool. Infodrog. [9]Office fédéral de la santé publique. Législation Suisse dans le domaine de l’alcool.

La protection de la jeunesse

La vente d’alcool est interdite dans toute la Suisse pour les jeunes de moins de 16 ans. Au Tessin, la vente de boissons alcoolisées est interdite aux moins de 18 ans.

Dans les autres cantons :

  • Les mineur·e·s à partir de 16 ans peuvent acheter des boissons alcoolisées fermentées : de la bière, du vin et du cidre (art. 14, al. 1 LDAI).

  • Les jeunes à partir de 18 ans peuvent acheter des spiritueux et des alcopops dont la teneur en alcool est supérieure à 15% (art. 41, al. 1, let. i LAlc).

Toute personne qui remet à un·e jeune de moins de 16 ans des quantités de boissons alcooliques pouvant mettre en danger sa santé sera punie par une amende ou une peine de prison pouvant aller jusqu’à trois ans.

La sécurité routière

Un·e automobiliste est considéré·e comme incapable de conduire s’il ou elle présente un taux d’alcool égal ou supérieur à 0.5‰ dans le sang ou 0.25 mg/l dans l’air expiré. Pour les automobilistes professionnels, les nouveaux et nouvelles automobilistes (permis à l’essai), les élèves-automobilistes, les moniteur·e·s de conduite et les automobilistes-accompagnateurs, le taux autorisé est de 0.1‰ dans le sang ou 0.05 mg/l dans l’air expiré [10]Alcool au volant : Quelles sont les règles ? ch.ch – Offizielle Informationen der Schweizer Behörden..

En cas de conduite sous l’effet de l’alcool, les sanctions pénales varient selon les taux d’alcool mesurés :

Si le taux d’alcool est entre 0,5 et 0,79‰ dans le sang (ou 0,25 à 0,39 mg/l dans l’air expiré) :

  • Avertissement voire amende dont le montant varie selon votre situation financière

  • Retrait du permis de conduire pendant au moins un mois, si une autre infraction au code de la route est commise

  • Peine privative de liberté possible

A partir de 0.8‰ dans le sang (ou 0.4 mg/l dans l’air expiré) :

  • Retrait de permis de conduire d’au moins trois mois

  • Amende élevée dont le montant dépend de la situation financière et de la concentration d’alcool mesurée

  • Peine privative de liberté possible

A partir de 1.6‰ (0.8 mg/l dans l’air expiré) :

  • Obligation de subir une évaluation de l’aptitude à la conduite par un·e expert·e

  • Examen pour déterminer une éventuelle dépendance à l’alcool

  • Période d’abstinence obligatoire avec preuves

  • Restitution du permis de conduire soumise à l’approbation de l’expert·e

Vue d'ensemble des risques

Cette figure illustre les possibles conséquences négatives de la consommation d’alcool, tant pour la personne consommatrice que pour la société [11]La classification des substances psychoactives : Lorsque la science n’est pas écoutée. (2019). Global Commission on Drug Policy. :

Contrairement aux idées reçues, l’alcool est considéré comme la substance qui génère le plus de dommages tant pour la personne qui consomme que pour son entourage et la société. 

Plus d’informations sur les estimations des risques pour les substances sur notre page consacrée aux risques.

Risques d'addiction

En cas de consommation chronique, l’alcool produit une dépendance marquée avec des symptômes de sevrage conséquents, pouvant aller jusqu’au décès en cas d’arrêt abrupt. Il est fortement conseillé de se faire suivre par un·e professionnel·le du domaine des addictions en cas d’usage d’alcool.

Risques à la consommation

Aujourd’hui les spécialistes s’accordent pour dire que toute consommation d’alcool, même irrégulière, est nocive pour la santé. Voici quelques risques associés à la consommation d’alcool.

  • Risque de cancers : La consommation d’alcool est un facteur majeur d’augmentation du risque de cancer. Les types de cancer les plus associés à l’alcool comprennent ceux des voies aérodigestives supérieures, du sein, du foie, de l’œsophage et du côlon-rectum. Même une faible consommation d’alcool augmente le risque de cancer, et il n’y a pas de seuil sans risque. Il est recommandé de limiter la consommation d’alcool pour réduire les risques de cancer et de privilégier une alimentation saine [12]Les risques de cancer. Stop-alcool.ch..

  • Caries dentaires et usure dentaire : Les personnes dépendantes à l’alcool perdent plus de dents que les autres. Une usure dentaire généralisée a été observée. [13]L’appareil digestif. Stop-alcool.ch.

  • Risques pour le cœur et les vaisseaux sanguins : La consommation excessive d’alcool peut provoquer l’hypertension artérielle, des problèmes cardiaques, une anémie, des troubles de la circulation portale avec des risques d’hémorragies graves. [14]Le système cardiovasculaire. Stop-alcool.ch.

  • Risques pour le cerveau et les nerfs périphériques : La consommation chronique d’alcool peut causer des lésions directes et irréversibles sur le cerveau. On remarque notamment une diminution du volume du cortex cérébral plus rapide chez les personnes consommatrices dépendantes que chez les personnes non dépendantes. [15]Le système nerveux. Stop-alcool.ch.

  • Risques psychiatriques : La consommation excessive d’alcool peut être associée à divers troubles psychiatriques tels que des problèmes de sommeil, la dépression, le risque suicidaire, l’anxiété généralisée, les psychoses, la fatigue, l’irritabilité et les tremblements des mains. Ces problèmes peuvent être liés à l’abus chronique d’alcool, mais il n’est pas toujours facile de déterminer quel est le facteur responsable de l’autre. Certains troubles peuvent être réversibles avec le sevrage, tandis que d’autres peuvent être permanents. [16]Les troubles psychiques. Stop-alcool.ch.

  • Syndrome d’alcoolisation fœtale : Consommer de l’alcool pendant la grossesse a un effet toxique pour le fœtus et peut entraîner diverses manifestations connues sous le terme de troubles causés par l’alcoolisation fœtale. Le syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF) en est la forme la plus sévère. [17]Le syndrome d’alcoolisation fœtale. Stop-alcool.ch.

  • Effets sur la conduite : L’alcool au volant est une cause majeure des accidents de la route. Ce risque commence bien avant l’état d’ivresse. Les effets de l’alcool se font déjà sentir à partir de 0.2‰. Or, ce taux peut être atteint après l’absorption d’un demi-verre standard. [18]L’alcool et la conduite. Stop-alcool.ch.

Risques sociétaux

La consommation d’alcool peut entraîner des problèmes sociaux majeurs, affectant non seulement la vie des individus concernés, mais aussi leur entourage et la société dans son ensemble.

  • Proches : Le risque est élevé pour l’entourage proche de la personne. L’impact sur les enfants notamment est très problématique (6x plus de risque de développer une dépendance ou une consommation à risque pour les enfants ayant grandi dans une famille avec une personne touchée par un problème d’alcool).

  • Santé publique : La consommation d’alcool est associée à des problèmes de santé. Cela peut entraîner une augmentation de la demande pour les services de santé, avec des coûts supplémentaires pour la société.

  • Économie suisse [19]Coûts sociaux. Alcool au travail. : En 2010, l’impact économique de la consommation excessive d’alcool en Suisse s’est élevé à 4,2 milliards de francs, équivalant ainsi à une charge annuelle de 630 francs par habitant·e âgé·e de plus de 15 ans résidant dans le pays.

  • Secteur entreprise/ travail : On estime que 2 % de la population des salariés en Suisse présentent à un moment ou un autre une consommation problématique d’alcool ou un risque de développement d’une dépendance.

  • Stigmatisation sociale : Les personnes consommant de l’alcool peuvent être stigmatisées et marginalisées socialement, ce qui peut entraîner une exclusion et une diminution de la qualité de vie.

Le repérage et une intervention précoces permettraient de diminuer fortement ces impacts.

Interactions entre substances

Autre substanceDangerosité
DepressantDangereux
DissociatifsDangereux
BenzodiazépinesDangereux
DextrométhorphaneDangereux
GHBDangereux
GBLDangereux
KétamineDangereux
MXEDangereux
OpioïdesDangereux
TramadolDangereux
CocaïneRisqué
IMAORisqué
PCPRisqué
Inhibiteurs de l' angiotensineRisqué
Médicaments hépatotoxiquesRisqué
StimulantsVigilance
CannabisVigilance
Amphétamines substituéesVigilance
ΑMTVigilance
MDMAVigilance
Gaz hilarantVigilance
Antidépresseurs ISRSVigilance